Castelnau-Pégayrols, son histoire

Sur un contrefort du Lévézou...

La situation de Castelnau, posé sur un contrefort du Lévézou, verrouillant la vallée de la Muse et dominant la plus grande partie du pays alentour, permet de comprendre quelle fut jadis l’importance militaire de cette place forte (castrum) toujours jalousement gardée.

En sept siècles, du XIème au XVIIème date de la fin des guerres de religion en Rouergue, elle ne changea qu’une seule fois de maître, par la force des armes. Les seigneurs de Castelnau furent assez hauts personnages pour marquer de leur puissance non seulement l’histoire de leur pays, mais bien souvent l’histoire de France.

La famille de Lévezou, aujourd’hui l’une des plus anciennes de France, fonda le château-fort ou « château neuf » (= castel – nau), dont l’existence est attestée dès le XIème siècle.

En 1070, Aicfred de Lévézou fit don de son église de Saint-Michel de Castelnau à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille pour y installer un monastère.
Avec l’appui des abbés millavois de Marseille, Arnaud de Lévézou devient évêque de Béziers (1096) et archevêque de Narbonne (1121). Il jouera un grand rôle politique dans l’histoire de son temps comme légat du Pape et gouverneur de Toulouse, pour le comte Alphonse Jourdain (1119 – 1121). Son neveu Bernard sera évêque de Béziers.

Les 2èmes, 3èmes et 7èmes croisades verront chacune un Lévézou partir pour la terre sainte. En 1289, Bernard de Lévézou et Hugues d’Arpajon sont en conflit pour la possession de Castelnau. Un duel judiciaire a lieu le 3 mai 1289. A l’issue du combat Lévézou doit céder la place à Arpajon.

La Maison d’Arpajon deviendra peu à peu la plus puissante famille du Rouergue, mais Castelnau n’est pas sa résidence principale. Sous sa domination de 1289 à 1758, Castelnau connaîtra des périodes de paix et des périodes de troubles : la guerre de cent ans, l’occupation anglaise à la suite du traité de Brétigny (1360) …

Avec la fin de la guerre de cent ans, Castelnau, comme tout le Rouergue, vit une période de relative prospérité et s’entoure de remparts. 

Ils resserviront pendant les guerres de religion (1556 -1632). Les Arpajon de Castelnau deviennent chefs de guerre du parti protestant dont Millau est l’un des plus actifs bastions.

Sous les Arpajon et jusqu’à la fin de l’ancien régime, Castelnau est un petit centre rural où se côtoient les moines réguliers (jusqu’en 1734), le curé et les prêtres chargés de la paroisse ainsi que plusieurs petits seigneurs locaux qui ont leur maison dans le bourg. La commune est administrée par une municipalité avant la lettre. Chaque année, l’assemblée générale des habitants élit 2 consuls pour administrer « la communauté ». Leur choix doit toutefois être ratifié par le seigneur ou son juge. Ils ont à la fois le rôle de maire et de percepteur. Vêtus de la robe noire et rouge, les consuls prennent leurs fonctions officiellement à la messe du dimanche le plus proche de la Saint-André.

Village de Castelnau-Pegayrols

En 1759, à Versailles, Louis XV crée le marquisat de Pégayrolles, dont Castelnau devient le chef-lieu et le confère à Étienne Hypolite de Pégayrolles, président au parlement de Toulouse. Contrairement aux Arpajon, le président de Pégayrolles réside dans son château à Castelnau, qu’il remet au goût du jour. Haut magistrat et homme de lettre, Monsieur de Pégayrolles se fera remarquer par son esprit d’indépendance absolue à l’égard du pouvoir royal, en lutte contre les Parlements (1764), ou du pouvoir révolutionnaire. Le président de Pégayrolles entre délibérément dans le camp de la contre-révolution. Fort des libertés constitutionnelles promises, il fonde à Millau un club royaliste. Il en sera bien vite délogé par la force (mai 1791) et mourra victime des prisons de la terreur (Octobre 1794). 

En avril 1834, une ordonnance royale de Louis Philippe crée la commune de Castelnau telle qu’elle est aujourd’hui.